jeudi 3 juin 2010

Autour de l'éthique du mariage chez les basakata



Le mariage chez l’africain est l’un des facteurs qui fait la dignité d’un homme ou d’une femme. Ainsi, chez les basakata, le mariage fait aussi la dignité d’un homme ou d’une femme. Chez les basakata une femme qui ne se marie pas est comparable à une folle. Il ne suffit pas seulement de se marier, mais il faut avoir des enfants. Dans ce sens, sont constitués plusieurs proverbes au sujet de l’éthique du mariage. Un proverbe dit : « ibè le mbeke, kenshua k’ungé». Ce qui se traduit par : un mariage nouveau est amusant au début, quelque temps après s’y être habituée, les querelles surviennent.

En outre, notre préoccupation consiste à montrer que pour le musakata, enfanter vaux mieux que l’argent (obua oshune nzeme). Pour ce peuple, il est mieux d’avoir des enfants et la famille. Bref, des bonnes relations avec les autres que d’avoir l’argent et insolite. Dans cette optique, un proverbe dit : « ntwa bee, ya ntwa nzeme, ukime ntwa bee », celui qui a des bonnes relations avec les autres est plus grand qu’un riche insolite.

Chez les basakata l’amour de la femme ou du mari est montré pendant le malheur. Ainsi, un proverbe dit : « je nye ukà onkuni, je akao mbao ne nvela kpe ?», ce qui se traduit par, tu dis que ta femme t’aime, combien de temps as-tu été malade. L’amour de la femme est éprouvé dans le malheur.

Il est à savoir que, le mariage est exogamique chez les basakata. Et il ya plusieurs formes que nous allons montrer dans ce travail. Nous allons montrer que la dote est la conclusion du mariage ; mais n’est pas primordiale (la dot n’est pas dolarisée). Nous allons aussi montrer les avantages de la dote, et comment celle-ci est payée.

Pour une bonne compréhension de ce travail, nous l’articulerons en deux grandes parties : la première consistera à une présentation de ce peuple (basakata) ; et la deuxième qui est le centre de ce travail, nous parlera du mariage chez les basakata.

En fin, une conclusion interviendra pour boucler.

I.PRESENTATION DE CE PEUPLE

Notre travail centré sur l’éthique du mariage nous conduit à une brève présentation de ce peuple avant d’entrer dans le vif de ce sujet. Qui sont les basakata ? où vivent les basakata ?

En effet, Sakata est le nom d’un des plus grands groupes ethniques, le plus peuplé du mai-ndombe. Les basakaka vivent dans la zone comprise entre les rivières Kasaï et Lukeni-mfimie dans la partie occidentale de la République Démocratique du Congo, plus précisément dans la province de Bandundu au district de Mai-ndombe. Ils appartiennent à la ceinture matrilinéaire. Les basakata appellent la rivière Kasaï « nza n’iyon, nza sanyi» ; ce qui se traduit par la rivière blanche. Et ils appellent la rivière Lukenie « nza ne Lekain ».

Du point de vue écologique, les basakata sont adaptés à une région de forêt vierge, et de savane. Le pays de basakata est traversé par plusieurs cours d’eau comme : Lebili, Lekobe, Molibampei qui se jette à Nioki, Lemomo qui se jette à Kilako, Lebuku de Mbatin, Sow qui se jette à Iyon (ilombe), Lelaw qui se jette à Ibaa, Mokaw qui se jette en amont de motangiri, Lenoo de nselesaa à Belwe, Dzomme qui se jette à Bonkita, Dwoo qui se jette à Kibambili, Ntakumu qui se jette à Kutu moke, Yong qui se jette à Mokla, Menangié, Elain qui se jette à Nkolo, Lebè qui se jette à Kutu, Leboo et Itii qui se jettent à Bokoro etc.[1]

Il est utile de signaler que les basakata font frontière au nord avec les Baboma, les Basengele, une partie de Ntomba, une partie de Nkundo-mbelo et Nkundo-mbindjankama. Au sud, avec les Bayanzi, à l’est avec Nkundo-ipanga.

En ce qui concerne l’organisation, ils sont organisé en sous tributs :

le « bobai », au nord de Lukenie, entre Lelaw et Dzuyi qui les separe de Nkundo-mbindjankama habité par la sous tribut de « babaa » ou « babai » ;

Il est intéressant pour nous de signifier que toutes ces tributs parlent la même langue : « kisakata, kesakata, ou keshaa ». Il y a plusieurs variantes à savoir,le waria parlé par le badja, le kebai, par chez babai, le mokan chez tous ceux qui sont à la rive droite de Kasaï, le kengengei dans toute le région de l’ouest, kitere ou le kintuntulu, dans toute la région de l’est.[2]

Chez les basakata les chefs sont des « mbey » (chefs de terre). Ce dernier chapeaute le bobla, il a le pouvoir craint de tous, car ce pouvoir est associé à un « iluo », c’est-à-dire sorcellerie spéciale qui fait de lui autorité religieuse, politique, juridique sociale. A coté de mbey, il y a le mojuu, chefs des hommes, c’est un roi chef de basakata. Le mojuu gouverne dans un « ijuu » ou chefferie qui est un ensemble de plusieurs « bobla ». Les terres appartiennent au mbey et les hommes au mojuu. Ainsi, un proverbe dit : « mbey oni be leshaon, ujuu oni be leban», ce qui se traduit par le pouvoir de mbey se limite dans sa paillote (bobla), et celui de mojuu s’étend en dehors de la paillote (bobla).

II. LE MARIAGE

Comme nous l’avons dit dans l’introduction, le mariage est exogamique, les membres d’un même clan ne peuvent pas se marier entre eux. Le mariage est toléré après quatre générations. Généralement les hommes ont droit à une femme ce qui est souhaité. Mais parfois certains en ont plus. Le cas de polygamie n’est pas souvent encouragé, comme cela est dit dans ce dicton « ibèe l’izàa izuku». La polygamie,c’est le désodre.Le mariage se contracte après des négociations entre d’une part l’homme (souvent représenté par son père ou son oncle maternel) et d’autre par, le père et l’oncle maternel de la femme.

II.1 FORMES DU MARIAGE

Il est important de signaler qu’il ya plusieurs façons de se marier chez les basakata. Autrement dit, un musakata peut se marier de plusieurs façons :

1) « Ibee le ndundjula » (le mariage sur demande) : dans ce cas, il y a des proverbes qui guide de tel mariage « je akuna ukaa, shua ibura». Ce proverbe veut dire quand le garçon va se marier, il doit choisir la famille. Car non seulement la femme doit être bonne, mais aussi sa famille. Epouser une femme, c’est avoir aussi toute sa parenté par-dessus le marché.

C’est la forme la plus souhaitée du mariage. Un jeune homme adulte en accord avec ses parents va solliciter le mariage. Ce qui est fréquent et actuel, c’est cette forme de mariage

2) « Ibee le mvumvula » (le mariage pour adoption) : dans ce cas, ce sont souvent des parents qui choisissent une fille pour leur garçon. De ce fait, les parents du garçon prenaient la fille et l’élevait. Dans ce sens, le garçon attendait que sa femme grandisse. Autre aspect, les deux enfants sont jeunes et les parents se décident que quand ils vont grandir, ils se marieront. Ce mariage causait beaucoup de problèmes dans la mesure où les enfants se mariaient non par amour, mais par choix de parents. Bref, les parents choisissent la femme ou le mari pour leurs enfants.

3) « Ibee le kekla » (le mariage par succession) :C’est la forme du mariage qui a presque disparu. A la mort d’un conjoint (surtout de la femme), sa sœur ou son frère mariait le conjoint vivant. Soit, par ce que le mourant a payé toute sa dote, soit par ce que le clan veut garder des liens toujours étroits avec ce clan, soit encore ils avaient beaucoup d’enfants. Cette forme de mariage est encore pratiquée dans les familles des chefs Sakata, qui sont les « bajuu ». A la mort d’un chef, souvent son frère ou son neveu prend sa femme.

4) Ibee le nkfunkfan (mariage par rapt) : Un homme allait ravir la femme d’un autre homme qui n’avait pas encore payé sa dot. C’est-à-dire il restitue au premier homme tout ce qu’il a donné à la femme. Alors faudrait être riche, ou un chef pour le faire. Cette forme de mariage a disparu totalement.

5) Ibee lese mojuu (le mariage de mojuu) : Pour un mojuu qui est le chef des basakata son mariage est un peu spécial. Un jeune homme ou fille mojuu se marie différemment des autres. Il (elle) choisit lui-même son conjoint. Comme le dit Mbu Mputu Norbert ; un mojuu qui tombe amoureux d’une femme, il prend soit une plume de perroquet soit une dent de léopard soit sa clochette( kentuin) le fait sur la tête de la fille, même dans la parcelle avec instruction celle-ci devient ma femme.

Il est important de souligner que, si la fille est déjà fiancée, le mojuu rendra à son fiancé tous les pré-dotes qu’il a offert à la famille de la fille, et récupérera la fille. De même pour le monkajuu déposera les mêmes signes chez un homme, lui demandera de la prendre en mariage. Cette forme est de moins en moins pratiquée. Actuellement les bajuu se marient presque souvent sur demande ou par succession.

II.2 LA DOT

En ce qui concerne la dot, après que le garçon ait demandé le mariage, la conclusion du mariage intervient avec la dot (nkole). La famille du jeune homme donnait une chèvre, plus ou moins 10 calebasses de vin de canne à sucre et un peu d’argent (pas trop). Tous les membres de la famille de la fille prendront ce vin et partageront cette somme.

Il est savoir que si le père de la fille a payé sa dote, celle de sa fille lui revient au cas contraire sa belle famille prend tout. Le jeune homme hormis les objets précités ajoute, deux machettes, une pièce 6 yards (anglais), une costume, un sac du sel, deux bouteilles de pétrole, deux paquets d’allumette, un paquet de gillettes, un paquet de cigarette, de fil à coudre, un essuie-main, deux draps de lit ; et d’autres petits objets éventuels.

Ainsi, celui qui n’a pas payé toute sa dote, ses enfants et sa femme ne lui appartiennent pas totalement. Ils appartiennent à la famille de leur maman. La dote est donnée entre les mains du témoin qui est le pont entre les deux clans. Et ce témoin sera payé avec un peu d’argent. La dot ne se donne pas en cachette ; elle est donnée publiquement, c’est-à-dire dans la cour palabrique. Pendant la cérémonie de la dot les deux familles doivent y être, surtout le papa ou l’oncle maternel de l’homme ou de la femme. La famille de l’homme donne les biens au témoin et celui-ci toujours dans la cour palabrique les donne à la famille de la femme, par le père ou l’oncle maternel de celle-ci. Cependant l’un des conjoints peut être absent.

Il est à savoir que, avant de payer sa dot proprement dit, le garçon donne d’abord le « mèe ne kepula mena ». Ce qui veut dire la boisson pour ouvrir la bouche. Ceci montre qu’il demande réellement le mariage. C’est presque de 3 à 10 calebasse de vin de canne à sucre. Ensuite, le garçon payera le « mèe ese banzaa », la boisson des beaux frères et belles sœurs ; pour être reconnu officiellement (ceci peut se passer en donnant aux beaux frères un peu d’argent). Ces deux cérémonies sont souvent combinées.

La dot n’est pas considérée comme primordiale chez les basakata, car elle peut être payée même après que la femme soit déjà chez le mari. Dès que les deux types de cérémonies précitées sont faits. Bref, éthiquement les basakata accordent beaucoup d’importances à l’union entre l’homme et la femme qu’à l’argent. C’est d’abord l’homme ou la personne qui est une richesse par excellence que l’argent qui est un mauvais maître. C’est une belle leçon éthique que les basakata nous donnent en ce monde caractérisé par les intérêts.

II.2.1 Avantages de la dot

1.la femme s’efforce à la fidélité, car son mari qui a payé la dot a le plein droit de tuer l’homme qu’il surprend avec sa femme et de répudier celle-ci ;

2. la femme craint d’être source de divorce, car en ce cas sa famille rembourse la dot reçue ;

3. d’autres hommes ont peur d’aborder la femme, car en cas de fragrance de lit, l’homme rembourse doublement ou triplement la dot au mari de la femme ;

4. en cas de querelle, les beaux parents n’interviennent pas, la fille n’est plus leur ;

5. à la mort de la femme, l’homme n’est pas trop embêté, car il payé toute sa dot ;

6. l’homme a le droit d’enterrer sa femme et enfants dans n’importe quel cimetière de son choix. Dans le cas contraire, la famille de la femme décide et même ravir tous les enfants.

II.2.2 L’homme et sa belle famille

Les basakata réfléchissent par des proverbes qui donnent des conseilles pour bien vivre dans le mariage. Dès le départ, il ya des proverbes qui disent : « ote ibèe, odzule ihung» (avant de se marier informe toi d’abord sur le clan en question). Et avant de donner sa fille un musakata doit savoir tout sur le clan. On ne se marie pas n’importe comment. Il faut s’informer avant le l’accord de mariage entre deux clans.

En outre, dans le mariage le bien ne vient pas d’un seul coté. Ainsi, un musakata dira : « belo bibèe katse nka nemo ngo». Ce qui se traduit par ; ce qu’il ya de bon dans le mariage ne vient pas d’un seul coté. Les deux conjoints doivent chercher l’harmonie dans leur couple. C’est ce que nous recommande la bible, même l’éthique occidentale, dans le mariage les deux conjoints doivent chercher le bien de l’un et de l’autre. La femme et son mari, tous deux doivent chercher comment faire régner la joie et la paix dans leur famille.

Aussi dans le mariage, l’idéal est d’avoir les enfants. Ainsi, un musakata dira : « obua oshune nzeme» (enfanter vaut mieux que l’argent). Comme un proverbe le dit : « une femme qui enfante est heureuse ».Se marier, c’est donner des enfants, ne pas se marier c’est être fou. Dans ce sens, « ompfua ijii, omfe ngilaa» (une femme stérile est très malheureuse, la non mariée est folle). Ce qui parait comme une contradiction, pour un musakata enfanter dépasse l’argent, et enfanter, c’est encore l’acceptation de la folie ; dans la mesure où les enfants peuvent t’amener où tu ne t’attendais pas. (ibua ilàa)

Avec sa belle famille selon Mbu Mputu Norbert, un proverbe dit : « benstula bele ibèe, nso bamontone, ndoo akla » (les services demandés par une belle famille, même si on ne vous aime pas vous devez les faire).[3]

Un autre proverbe dit : « leton le bokle bosime nvela, oze nvela nakaa, ne ye muu nakakla ». Ce qui se traduit par, si tu es envoyé par le beau-père, inutile de souhaiter une pluie, puisque après tout, c’est toujours toi qui le feras. Aide au beau-père doit être redue même s’il pleut. Un homme doit accomplir lui confiée par son beau-père malgré la pluie.

En conclusion, les Basakata sont des peuples occupant tout le territoire de Kutu, dans la province de Bandundu, district de Mai-ndombe. Ils occupent la partie entre la rivière Kasaï et Lukenie-Mfimie totalement. Il est utile de signaler que beaucoup d’autres basakata sont de l’autre coté de la rivière Kasaï avec le peuple yanzi. Ils vivent de la pêche, de la chasse et de l’agriculture. Les basakata du point de vue écologique, sont dans ds forêts vierges et des savanes, et leur territoire est traversé par plusieurs cours d’eau.

Les basakata n’encourage pas la polygamie, ni la polyandrie. La dot n’est pas primordiale dans un mariage, c’est d’abord l’union entre les deux conjoints qui est très nécessaire pour les basakata. Si la femme provoque le divorce avant d’avoir les enfants, sa famille rembourse la dot reçue. Dans le mariage les basakata nous conseillent que le bien doit venir de deux cotés ; c’est-à-dire de la femme et de l’homme. La femme devient très jalouse dès qu’elle apprend que son mari a une deuxième femme quelque part.

Les basakata dans leur éthique du mariage exigent du gendre beaucoup de respects envers son beau-père. L’homme doit du respect à ses beaux parents. Le mari peut manger avec son beau-père, mais avec sa belle mère. Pas même lui fixer les yeux, même lui croiser les bras. Quand ils se croisent en route, l’un laisse l’autre passer. Les beaux parents s’appellent « tata » (père) ou « mama » (mère). Quiconque transgresse les interdits achète une calebasse de vin.

De ce fait, tous les frères des deux familles sont les « banzaa »(beaux frères), tandis que les sœurs, cousines demi-sœurs sont des « bankèe be kenzizaa »(belle sœurs). L’homme pouvait s’amuser, s’injurier, se quereller avec ses belles-sœurs. Un proverbe dit : « monkèe ne kenzizaa kepiele kasha ka itaon», ce qui se traduit par ma belle sœur ne me séduit plus à force de m’amuser avec elle. Mais pour la prudence un autre dit : « mva av’iluo ya mee nde k’itaon», c’est-à-dire en s’amusant le chien a fini par coucher sa mère.

Il est à savoir que, la femme aussi entretenait les mêmes relations avec la famille élargie de son mari. Elle devrait aider et assister sa belle mère et restait distant de son beau-père.

Bref, au mariage tous les clans concernés s’unissent et se rendent visite, ils s’entraident. Un clan ne peut pas avoir deux mariages avec un même clan. Par le premier mariage, il ya déjà des liens très étroits entre les deux clans. Et le but principal de mariage chez les basakata, c’est d’avoir les enfants. Une femme qui n’enfante pas est chasée du mariage. Un mariage qui ne donne pas des enfants est amené au divorce.

BIBLIOGRAPHIE

  • BOMPERE Dominique, Nzur Bakim, (j’ai questionné les vieux), Traduction de Mbu Mputu Norbert, Kinshasa, éd. du journal, 1999.


KALONDA Itsekuna Héritier


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