jeudi 12 janvier 2012

Les catholiques cherchent à se pérenniser dans la rue jusqu'à ce que la vérité des urnes éclatera



Une messe inhabituelle à Saint Joseph. L'office de Mgr Edouard Kisonga, auxiliaire de l'archevêque de Kinshasa, célébré le 7 janvier n'avait pas grand chose à voir avec la célébration traditionnelle catholique de l'eucharistie. Rien qu'à considérer l'homélie aux allures très engagées et une assistance qui avait débordé au delà de l'enceinte de la paroisse, on se serait cru à une manifestation publique d'une autre nature. Raison de cet engouement, l'Eglise avait prévenu qu'elle allait donner sa position quant à la controverse sur la victoire de Joseph Kabila à l'élection présidentielle 2011. Voilà qui a attiré leaders et partisans de l'opposition, outre les habituels fidèles catholiques. Au premier rang de ceux-ci, il y avait Jacquemain shabani, secrétaire général de l'UDPS, Eugène Diomi Ndongala, Kudura Kasongo, Marthe Bukasa, présidente de la Ligue des femmes de l'UNC, le parti kamerhiste. Pour une messe prévue à 9 heures, Saint Joseph était déjà bondé de monde aux premières heures de la matinée. Le trop plein de fidèles a dû suivre l'office debout dans l'enceinte pendant que d'autres s'étaient perchés à la clôture et que d'autres encore ont dû se contenter d'une position fort inconfortable dans la rue. L'officiant a annoncé les couleurs d'emblée avec son sermon intitulé «Toute autorité vient de Dieu et non nécessairement son exercice». C'est tout dire sur ce que l'Eglise catholique pense de la réélection de Joseph Kabila. Plus penser, l'abbé Pierre Bosangia a appelé les fidèles à agir, agir jusqu'au sacrifice suprême en évoquant le cardinal Malula lorsqu'il avait déclaré «je préfère être crucifié pour la vérité que de, crucifier la vérité». La prêche de Bosangia avait pour leitmotiv de justifier sur la base des références bibliques le droit de l'Eglise et de son peuple à s'autodéterminer sur le choix de ceux qui sont appelés à gérer le temporel. Une idée soutenue par les partisans de la théologie de la libération comme l'abbé José Mpundu, le curé de la paroisse Saint Alphonse, attenante au marché de Matete. «L'Eglise, c'est mon affaire. Le Congo, c'est aussi mon affaire», scandaient les fidèles à la sortie de la messe pour réfuter la thèse qui veut confiner l'Eglise dans les choses intemporelles. Bosangia l'a mieux explicité là où il dit que cela ne pose pas problème aux pouvoirs publics quand l'Eglise construit des hôpitaux, des écoles et autres. Ce qu'elle fait est du domaine temporel autant que lorsqu'elle donne ses opinions sur la marche des affaires publiques. Signe de l'intérêt que le grand public témoigne à la position de l'Eglise catholique, le texte du sermon, encarté du programme des actions à entreprendre par les chrétiens dans les jours à venir, a été polycopié et vendu à 500 FC l'exemplaire à la place Victoire et à d'autres carrefours de Kinshasa. Depuis, les discussions ne tournent dans la ville de Kinshasa que sur l'entrée en scène de l'Eglise. Chacun y va de son commentaire. Certains parlent de marche pacifique, affirmant que l'Eglise ira jusqu'au bout dans sa volonté de voir éclater la vérité des urnes. D'autres font état de messe publique à officier chaque samedi à un endroit donné, messe à clôturer par un Angelus. Une sorte de place «Tahrir» où les «chrétiens» camperont jusqu'à ce qu'ils obtiennent gain de cause. Si c'est cela la démarche, ce ne sont pas les moyens qui vont manquer grâce à des contributions volontaires attendues de toutes parts. L'Eglise catholique en RD-Congo, c'est au total près de 70 Pc de l'ensemble de la population, selon les dernières statistiques. «Si les catholiques de Kinshasa commencent et durent dans la rue, le risque de contagion est grand à travers tout le pays», explique un analyste. 

KEPA

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